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PETRA : 5 scénarios énergétiques possibles …

GREENland, PETROland, JARDIland, ISland, UNDERland sont les noms données aux scénarios énergétiques imaginés par un groupe d'un trentaine d'acteurs, dans une démarche de recherche-action appelée PETRA, comme "Prospective Énergétique dans les Territoires Ruraux".

Avertissement

Ces scénarios sont construits comme crédibles et d’égale valeur. Aucun des scénarios n’est a priori acceptable en l’état. Leur finalité est de créer de l’échange et de faciliter le débat. Ce sera alors le temps du choix, du politique et de la seconde phase du projet PETRA …

Voir la présentation de la démarche « Ouvrir le champs des possibles énergétiques avec PETRA »

Écouter les scénarios en audio :

Dans le cadre des émissions Brèves Energies diffusées sur Fréquence 7 et RCF, Nicolas SENIL, géographe au CERMOSEM présente la démarche d’étude-action et les scénarios imaginés :

Brève énergie sur GREENland et PETROland

Brève énergie sur JARDIland et ISland

Brève énergie sur UNDERland et les conclusions provisoires du projet

GREENland : « la croissance verte »

– Cette figure s’appuie sur une régulation socio-politique importante et une très forte connectivité des espaces entre eux.

– Son émergence nécessite l’acceptation d’un important changement pour les populations locales. La limitation de leurs choix de vie est justifiée par une intensification des peurs et elle est maintenue par une gestion autoritaire.

– Les conséquences apparaissent globalement positives au niveau économique et écologique même si l’exclusivité du modèle place de nombreuses personnes à la marge. Ainsi, des risques de découplage sociaux importants apparaissent inévitables.

    En 2042, l’Ardèche a gagné son label HQE …

et intègre un réseau de territoires qui fait son entrée au CAC 40. Sa ferme photovoltaïque, gérée depuis la Bretagne, produit l’énergie nécessaire à la consommation d’un million d’habitants. Une usine de voiture électrique s’est installée. L’agriculture produit essentiellement des agrocarburants. Les normes de pollution drastiques permettent aux rivières de retrouver leurs poissons. L’innovation est apprise au primaire et le développement durable à la maternelle. L’université des énergies douces s’installe au Pradel. Elle accueille 900 étudiants de la Licence au Doctorat. L’alimentation s’appuie sur l’agrochimie produisant des aliments en poudre. La norme RT 2038 impose que les habitats produisent l’ensemble de l’énergie du foyer, mobilité comprise.

PETROland : « la production d’énergie fossile »

– Le maintien de cette figure s’appuie sur une très forte régulation socio-économique renforcée par l’importance de la crise économique et de l’emploi.

– Son émergence est liée au renoncement de sa population locale et à l’acceptation de certains propriétaires de mettre à disposition leurs terrains.

– Les conséquences sont pour le territoire un changement de modèle économique (qualité  production) et l’aggravation des problèmes environnementaux et liés à l’accès à l’eau.

    En 2042, l’Ardèche est devenu le département le plus riche de Rhône-Alpes grâce à son industrie.

Il est le principal producteur de gaz de schiste et d’énergie nucléaire. La France gagne son autonomie énergétique. La lutte écologiste a finalement été contenue avec l’aide des gendarmes mobiles. L’entreprise Toogaz exploite 400 puits répartis sur tout le territoire. Les pipelines convergent vers la vallée du Rhône. Les auberges de pays servent maintenant à manger aux ouvriers qui dorment le soir dans les mobilhomes des campings. Un tarif gaz préférentiel a été négocié pour les habitants situés proches des puits. Les voitures au gaz et à l’électricité se sont multipliées, rendant la mobilité peu chère. Des problèmes de pollution apparaissent. L’image de l’Ardèche a changé ce qui entraine une mutation économique qui relance le secteur industriel.

JARDIland : « le statu quo énergétique »

– Cette figure se maintient grâce à des transferts de richesse importants entre espaces productifs et récréatifs. Elle s’inscrit dans une société de croissance.

– Son émergence est liée à une évolution continue et à l’ acceptation locale d’une orientation ancienne qui s’est depuis généralisée. Elle est aussi liée au refus des projets énergétiques négatifs pour l’image touristique du territoire.

– Ses conséquences sont une forte dépendance économique et le refus d’un réel engagement énergétique ambitieux.

    En 2042, l’Ardèche est devenue le jardin public des villes dans lesquelles réside la majorité des habitants.

L’économie ardéchoise est maintenant inscrite dans une monoactivité touristique. L’accueil des touristes et des résidents secondaires s’est renforcé toute l’année. Avec la hausse des températures, la climatisation des habitats devient problématique. Ainsi des hotels troglodytes apparaissent dans les Gorges de l’Ardèche. Des stations thermales s’implantent sur les plateaux et accueillent les touristes en hiver. La mobilité est assurée par des navettes et trains touristiques. Les plans de gestion des espaces naturels sensibles imposent une stricte limitation des mobilités et des usages. Les territoires d’accueil touristiques remplacent définitivement les bassins de vie.

ISland : « la sobriété choisie »

– Le maintien de cette figure s’ancre dans une gouvernance partagée et le choix collectif de vivre dans la sobriété.

– Son émergence s’appuie sur une émancipation politique et économique et le changement d’idéologie et d’imaginaire.

– Ses conséquences se traduisent par une meilleure prise en compte des impacts environnementaux de nos choix de vie, la généralisation d’une économie vivrière et la limitation de la vulnérabilité aux chocs externes. La contrepartie est une exclusivité du modèle pour les locaux et une fermeture relative aux autres.

    En 2042, l’Ardèche assume son propre projet d’autonomie énergétique. Les initiatives locales et les coopératives se multiplient.

Les AMAP et les microcentrales se généralisent. Les habitats sont construits avec des matériaux locaux et tendent à être autosuffisant en énergie. Lenteur et sobriété sont affichées aux entrées du territoire et demandées aux visiteurs sélectionnés. La signature d’une charte de bonne conduite leur est demandée. L’animal refait son retour sur les routes et dans les champs. Les mairies servent de lieu d’échange d’idées et de marchandises. Le troc se généralise. Mais quelques évènements liés au réchauffement climatique global rappelle au territoire sa vulnérabilité et des réfugiés climatiques sont accueillis sur les plateaux. Ils organisent au mieux l’adaptation et réussissent leur transition énergétique.

UNDERland : « le chaos énergétique »

– Cette figure émerge à la suite d’un chaos qui touche l’ensemble d’un pays marqué par le recul de l’Etat et la montée des intérêts particuliers.

– L’accès à l’énergie devient vital mais de plus en plus problématique. Les grandes infrastructures de production (nucléaire, hydraulique) ne sont plus gérées correctement. Les violences et les disparités s’accroissent.

– La conséquence est le déclin de la société.

    En 2042, l’Ardèche subie de plein fouet la rareté énergétique.

La faillite de l’Etat cause de l’incertitude et une grande dérégulation. Les casses de stations services et les siphonages de réservoir se multiplient. Les 4X4 et les quads facilitent les déplacements sur les routes laissées à l’abandon. Les espaces ruraux sont en marge. Les habitants s’organisent en groupe d’autodéfense pour lutter contre les petrotrafiquants. Certaines oasis de quiétude relative s’organisent dans les coins reculés. Des logiques d’autosuffisance permettent la survie de ces communautés. La centrale de Cruas a été mise à l’arrêt pour cause d’incapacité de gestion. Elle devient une friche industrielle et le dernier bastion de l’Autorité de Régulation des Energies.

A suivre !