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Quand le territoire se mobilise pour la rénovation : Interview de Kevin Ardail, chargé de mission à la MDEF

Kevin Ardail, chargé de mission "bâtiment" à la MDEF (Maison de l'emploi et de la formation) de l'Ardèche méridionale répond à nos questions. Rénovation thermique, artisanat et emploi, les ingrédients d'une recette gagnante ?

Depuis quelques années la MDEF (Maison de l’emploi et de la formation) de l’Ardèche méridionale s’intéresse de près aux gisements d’emplois associé à la « croissance verte ». C’est donc tout naturellement qu’elle s’est lancée dans le déploiement de l’opération DOREMI (Dispositif opérationnel de rénovation des maisons individuelles) en Ardèche méridionale. Kevin Ardail s’implique fortement sur ce dossier. Nous avons souhaité lui proposer de nous donner son point de vue sur le travail en cours

Polénergie : Bonjour Kevin, Quelles sont tes missions au sein de la MDEF ? Plus particulièrement, sur l’opération DOREMI, comment interviens-tu auprès des professionnels ?
Au sein de la MDEF, je suis en charge de missions relatives à la filière bâtiment, inscrite dans le plan de croissance verte, dont le dispositif DORéMI fait partie. Le travail auprès des professionnels consiste à les amener à faire évoluer leurs pratiques pour les faire tendre vers des projets de rénovation globale performante. L’objectif d’un tel process est de travailler en bonne intelligence avec l’ensemble des artisans, où, chacun apportera son savoir faire. Pour en arriver là, une acculturation est nécessaire, le dispositif DORéMI initié par l’institut négawatt vient se positionner sur ce créneau, il doit être perçu comme un catalyseur, permettant d’œuvrer dans le sens de la rénovation globale performante. Dans ce cadre, la MDEF est la structure de coordination, permettant, d’une part de former les artisans, qui par la suite seront amenés à se constituer en groupements de compétences avec un pilote. Et d’autre part de sensibiliser, avec Polenergie, le PACT Ardèche et les communautés de communes, les propriétaires sur l’intérêt de ces rénovations globales, cohérentes et à prix maitrisés, proposés par ces groupements dans le cadre de chantiers pédagogiques.

KAPolénergie : Le fait qu’une structure comme la MDEF soit impliquée sur ce type de dossier me semble assez innovant. De notre point de vue c’est extrêmement intéressant car cela témoigne d’une réelle volonté du territoire de transformer les enjeux énergétique en opportunités économiques et sociales locales. Comment apprécies-tu votre apport sur ces questions ?
L’implication d’une telle structure peut au premier abord paraître surprenant, mais dans la pratique cela prend tout son sens assez rapidement. L’association renommée depuis peu Territoire et Compétences – MDEF, dont la collectivité fondatrice est le Pays de l’Ardèche méridionale, se positionne comme un intégrateur, et avec l’ensemble des acteurs concernés, cela permet de d’œuvrer de manière opérationnelle, vers une massification de la rénovation énergétique performante Il est important de venir actionner l’ensemble des leviers, et notamment ceux relevant de la formation professionnelle. Pour cela, une structure cherchant à rassembler vers un objectif commun les entités territoriales, les organismes en relation avec les propriétaires et les acteurs professionnels qui œuvrent déjà dans ce domaine (CAPEB, FFB, Chambre de Métiers) est une très bonne chose. Cette posture nous permet de sortir de la politique du mandat, est d’œuvrer dans le sens d’une déclinaison à l’échelon local cohérent permettant de repenser nos besoins et nos souhaits à l’échelle du territoire. Et cela malgré le décalage par rapport à la situation de déterritorialisation des économies, des informations, des capitaux, ainsi que l’effacement des frontières par la multiplication des déplacements. On a un véritable jeu d’échelles, d’acteurs et d’enjeux qui se crée, où l’on se rend compte que la gestion à grande échelle devient des plus pertinentes face à la question de la rénovation énergétique performante. Cette posture permet de mettre en mouvement la rénovation thermique performante des maisons, et à transformer une fuite d’argent (importation de fuel et de gaz pour chauffer nos maisons), qui limite aujourd’hui le pouvoir d’achat, en un investissement pérenne sur le territoire sous forme d’emplois dans la rénovation thermique.

 
Polénergie : La MDEF est maintenant fortement impliquée sur les dispositifs locaux en faveur de la rénovation thermique de l’habitat. Mais malgré les bonnes volontés il reste énormément de chemin à parcourir ! Comment vois-tu évoluer ce dossier dans les mois qui viennent ?
Oui, notre implication est importante ! Nous cherchons des solutions à bon nombre de freins, mais ceux relevant de la multitude et de la complexité des dossiers de financements mobilisables par les propriétaires dépassent largement notre champ d’intervention. La mise en place prochaine de la plateforme de rénovation de l’habitat au niveau du département de l’Ardèche, pourra répondre à cette question, et structurera aussi le travail amorcé par l’opération DOREMI sur le Sud de département. Il est important de souligner le travail d’animation fait en ce sens par Polenergie, car mettre autant d’acteurs autour de la table (…) et arriver à un résultat concluant, du moins sur le papier, est une véritable avancée. A cela vient s’ajouter la mise en place future du SCoT de l’Ardèche Méridionale, véritable outil de planification, qui définit pour les vingt prochaines années les axes d’interventions prioritaires. Qualifié par ses développeurs, comme « … un projet d’aménagement et développement raisonné, solidaire et cohérent », il nous permet aussi de laisser place à un certain optimisme, car c’est bien à travers la mise en place d’outils d’interventions, entre autres, d’urbanisme réglementaire, que nous apporterons des solutions pérennes.

Et si l’on prend un peu de hauteur, la mise en place de ces politiques à l’échelle locale va dépendre en grande partie de la capacité de réponse de la communauté internationale à se positionner par rapport au réchauffement climatique. L’institution de politiques territoriales fortes est un des enjeux majeurs pour les prochaines années. Les acteurs territoriaux doivent s’engager dans cette voie afin de permettre une nouvelle prise en compte de la vulnérabilité des sociétés face à des phénomènes non maitrisables et assez nouveaux pour l’Homme. Il ne faut pas occulter que l’on est face à une question à solidarité obligatoire, où l’enjeu est bel et bien d’œuvrer dans un sens commun, afin de concerner le plus grand nombre et d’avoir un impact bénéfique sur le changement climatique. La rénovation énergétique performante fait partie des actions à promouvoir, et il est primordial que l’ensemble des acteurs territoriaux continuent le travail engagé afin de donner de la pertinence et du rayonnement à la rénovation énergétique performante de l’habitat ardéchois, car « aujourd’hui nous rénovons pour demain ».
Polénergie : Merci pour tes réponses !